Pointe-Claire
Le Moulin de Pointe-Claire
Considérés comme la pierre angulaire du patrimoine de la Nouvelle-France, les moulins remontent à l’époque de la construction de notre histoire collective. Malheureusement, très peu de ces moulins subsistent encore; la plupart ont été victimes du temps ou d’une modernisation incessante.
Léonard Paillé dit Paillard, le maître des moulins !
La colonisation de l’ouest de Montréal prend rapidement de l’ampleur après la signature de la Grande Paix entre les Français et les nations amérindiennes environnantes. De nombreux fiefs sont accordés aux colons assez courageux pour quitter les remparts sécurisés de Ville-Marie et s’installer sur les terres fertiles qui bordent l’île. Le besoin d’infrastructures augmentant rapidement, cette responsabilité revient aux seigneurs de l’île, les Sulpiciens, qui construisent un moulin où les censitaires (tenanciers) peuvent moudre leur grain. En 1709, les Sulpiciens engagent le menuisier Léonard Paillé, dit Paillard, pour construire un moulin communal. Depuis la fin des années 1600, ce charpentier d’origine française était le constructeur de moulins le plus prolifique de la région. Au cours de ses 40 ans de carrière, Paillard aurait construit la structure et le mécanisme d’au moins 24 moulins. Avec l’aide de son fils Charles et du tailleur de pierres Jean Mars, Paillard construit un moulin qui lui survivra longtemps.
Le moulin de Pointe-Claire avait l’avantage d’être situé sur une pointe de terre qui s’avançait dans le lac Saint-Louis, l’endroit idéal pour profiter de plein fouet du vent. Malgré le fait que les Iroquois ne représentent plus une menace, l’architecture du bâtiment prend un caractère défensif et présente même des meurtrières, de petites ouvertures par lesquelles les armes à feu peuvent être déchargées en cas d’attaque. Le moulin était également entouré d’une palissade en bois. La conception simple mais fonctionnelle du moulin a bien servi les habitants locaux, mais a également reflété les ressources matérielles limitées dont disposaient les seigneurs au moment de sa construction. Une maison de meunier a été construite à côté.
Le moulin est exploité par une succession d’une douzaine de locataires à bail, jusqu’à ce que les Sulpiciens le vendent finalement à un propriétaire exploitant en 1837. Les activités du moulin cessent en 1866 et la paroisse de Saint-Joachim acquiert la propriété, avant d’en transférer la propriété aux Congrégation de Notre-Dame. À la fin des années 1800, les religieuses ont transformé le moulin en observatoire, remplaçant le toit conique par une plate-forme d’observation. Une éolienne a été érigée sur le toit pour pomper l’eau d’un puits afin d’alimenter le couvent. Il resta en service jusqu’en 1916, date à laquelle le couvent fut relié aux services d’eau municipaux. Au cours des années 1950 et au début des années 1960, les sœurs ont fait reconstruire le toit conique et ont redonné à l’extérieur du moulin son caractère d’origine.
Le moulin à vent de Pointe-Claire est le deuxième plus ancien moulin communal de l’île de Montréal, après celui de Senneville. En 1982, le gouvernement du Québec a classé le moulin site patrimonial et aujourd’hui, il fait la fierté des résidents de Pointe-Claire. Grâce aux efforts des bénévoles de la Société pour la sauvegarde du patrimoine de Pointe-Claire, des mesures sont prises pour restaurer le mécanisme du moulin, ce qui lui permettra de fonctionner à nouveau .
Moulins Communaux en Nouvelle-France
Tout comme dans la mère patrie, les seigneurs de la Nouvelle-France étaient chargés de construire, d’entretenir et d’exploiter un moulin, appelé moulin banal (ou communal) parce qu’il était à l’usage collectif de leurs censitaires, ou tenanciers. Sauf convention contraire, le seigneur bénéficiait d’un droit d’exploitation exclusif. En contrepartie, les censitaires sont obligés d’y moudre leur grain moyennant rétribution. Ceux qui enfreignaient la règle étaient punis d’une amende ou se voyaient confisquer leurs céréales.